Le hors-d’œuvre : un bref historique
La toute première recette : Safe Harbor
Notre voyage culinaire commence en 2000, avec l’accord Safe Harbor original. Considérez-le comme un amuse-bouche qui vous met en appétit. C’est à ce moment-là que les données numériques ont commencé à traverser l’océan aussi librement que les touristes. Toutefois, dès 2015, la Cour européenne de justice (CJUE) a estimé qu’il y avait des manques dans cette première recette. Comme un soufflé qui n’aurait pas levé : l’intention était bonne, mais elle est retombée à plat et a échoué à protéger les données personnelles des citoyens de l’UE aux États-Unis.
La recette revisitée : le Privacy Shield
Pour ne pas se laisser décourager par cette première expérience, une nouvelle recette a rapidement été élaborée : le Privacy Shield. Elle contenait plus d’ingrédients (protections plus fortes et règles plus claires pour les entreprises américaines), et pendant un certain temps, elle a semblé satisfaire les convives. Pourtant, la CJUE a de nouveau déclaré en 2020 que la recette n’était toujours pas au point. Le Privacy Shield, semble-t-il, ne protégeait toujours pas correctement les citoyens de l’UE des yeux indiscrets du gouvernement américain.
La dernière version : le cadre de protection des données UE-États-Unis (ou DPF)
Aujourd’hui, nous sommes sur le point de goûter à la version la plus récente de la recette : le cadre de protection des données UE-États-Unis (ou «∘DPF∘» pour Data Privacy Framework). Le meilleur des recettes antérieures a été conservé et de nouvelles saveurs robustes (protection des données améliorée et mécanismes de recours pour les citoyens de l’UE) ont été ajoutées. L’objectif ? Il s’agit de créer un accord transatlantique pour le transfert de données à la fois savoureux et conforme, satisfaisant les palais sophistiqués des défenseurs de la vie privée et des régulateurs.
Le personnage principal : Max Schrems
Tout au long de ce processus, un homme a contribué à l’évolution de ces cadres de référence. Voici Max Schrems, critique extraordinaire en matière de protection des données personnelles. En 2013, Max Schrems a déposé sa première réclamation auprès de l’autorité de protection des données irlandaise concernant les pratiques de partage de données de Meta (à l’époque Facebook). L’affaire a ensuite été renvoyée devant la CJUE. Ce qui a mis fin au premier accord Safe Harbor en 2015.
Par la suite, alors que le Privacy Shield était entré en vigueur en 2016, une deuxième plainte a été déposée contre l’utilisation par Meta de clauses contractuelles types pour transférer des données de l’UE vers les États-Unis. L’affaire a de nouveau été renvoyée devant la CJUE. Le Privacy Shield a été invalidé en 2020, pour laisser place à la dernière itération : le DPF UE-États-Unis.
Le plat principal : qu’y-a-t-il à la carte ?
En se penchant sur le plat principal, il apparaît clairement qu’il ne s’agit pas seulement de satisfaire les goûts réglementaires. Les implications du succès de ce plat sont vastes. Il affecte la façon dont les entreprises exploitent leurs cuisines mondiales et la confiance avec laquelle leurs clients (les utilisateurs) peuvent profiter de leurs repas numériques, en sachant que leurs données ne sont ni mal gérées ni exposées.
Pour les clients internationaux (les utilisateurs)
Ils savent que leur repas a été préparé avec des ingrédients qui respectent leurs restrictions alimentaires. Le nouveau cadre de protection vise à garantir que lorsque les données traversent l’océan, elles bénéficient de protections équivalentes à celles qu’elles ont dans l’UE.
Deux changements majeurs par rapport aux recettes précédentes (ou cadres précédents) accompagnent ce dernier cadre de protection.
- l’executive order 14086
- Il limite les données à caractère personnel des citoyens non américains que les agences de surveillance américaines peuvent utiliser et auxquelles elles peuvent accéder
- Mécanisme de recours
- Il y a maintenant un système clair pour traiter les réclamations des résidents de l’UE, ainsi que des mesures de recours en cas de traitement injuste qui viole la loi américaine
Pour les chefs (c'est-à-dire les entreprises)
Les entreprises surveillaient la casserole comme l’huile sur le feu, en souhaitant que la nouvelle recette ne nécessiterait pas une révision complète pour être respectée. Le cadre de protection promet une recette optimisée pour des transferts de données légaux. Potentiellement, les entreprises n’auront plus à naviguer dans un réseau complexe de réglementations pour les transferts, de clauses contractuelles types et de règles d’entreprise contraignantes. Ce cadre de référence définit également une liste d’ingrédients validés obligatoires, que tous les transferts de données doivent respecter, à savoir : les sept principes fondamentaux.
Ces principes sont :
- Notification : tout comme un menu vous donne un aperçu de votre repas, les organisations sont tenues de présenter les détails des données qu’elles préparent, notamment les fins pour lesquelles elles les assaisonnent et qui peut y goûter. Les convives doivent être informés et savoir comment leurs données personnelles sont traitées dans le parcours culinaire de l’UE vers les États-Unis.
- Choix : les clients doivent pouvoir dire si certains ingrédients ne leur conviennent pas. Il s’agit de donner aux individus le pouvoir de refuser que leurs données soient communiquées à des tiers ou utilisées pour des recettes différentes de celles initialement annoncées. Et pour les ingrédients ultra sensibles, tels que des informations personnelles de santé, il faut obtenir un consentement clair avant d’aller plus loin.
- Responsabilité pour les transferts ultérieurs : on peut la comparer à l’engagement du restaurant à respecter l’intégrité complète du plat, même s’il est envoyé ailleurs. Si un restaurant partage ses recettes (les données) avec un autre chef (un tiers), il doit s’assurer que ce dernier respecte la vision culinaire originale, en respectant les saveurs et les objectifs convenus.
- Sécurité : ce principe peut être comparé à l’hygiène dans la cuisine : la zone de travail doit être propre, les ingrédients frais et la vaisselle à l’abri des dégradations ou des contaminations. C’est l’équivalent numérique de la garantie qu’aucun nuisible n’entre dans le garde-manger.
- Intégrité des données et limitation de la finalité : les chefs doivent garantir que chaque ingrédient sert une finalité dans le plat, tout comme les données doivent être pertinentes et limitées à la finalité pour laquelle elles ont été recueillies. Il s’agit de ne pas trop assaisonner et de s’assurer que le plat reste fidèle à la saveur prévue.
- Accès : imaginez que vous trouviez un cheveu dans votre potage ; vous voulez pouvoir le retirer, non ? Ce principe garantit que les clients peuvent inspecter leurs données et supprimer ou corriger tout ce qui ne devrait pas être là, en s’assurant que ce qui est conservé est exactement à leur goût.
- Recours, mise en application et responsabilité : enfin, un grand restaurant garantit toujours ses plats et se tient prêt à répondre à toutes les réclamations pour assurer la satisfaction de ses clients. De même, les organisations doivent mettre en place des mesures pour traiter les réclamations concernant la manière dont les données sont traitées, en veillant à ce que chaque client sorte de table satisfait.
Le plateau de fromage : le sceau d’approbation de la Commission européenne
Passons au plateau de fromage, connu pour sa complexité et sa variété, et examinons la décision de la Commission européenne qui pourrait être assimilée à l’attribution d’une étoile Michelin. Le 10 juillet 2023, la Commission a adopté une décision d’adéquation pour le cadre de protection des données UE-États-Unis, validant ainsi qu’il garantit un niveau de protection des données personnelles essentiellement équivalent à celui de l’UE.
Pour les entreprises, cela signifie qu’elles peuvent désormais servir les clients de l’autre côté de l’Atlantique sans avoir à se préoccuper de formalités administratives juridiques et donner à leurs clients l’assurance qu’elles prennent soin de leurs données. Pour les utilisateurs, cette décision d’adéquation est la garantie que leurs données seront traitées avec le même soin et le même respect que dans lUE. C’est une promesse de qualité et de sécurité, garantissant que leurs informations personnelles sont traitées dans des cuisines (les serveurs) qui respectent les normes les plus strictes.
Le dessert : regarder vers l’avenir
Passons au dessert. C'est la partie la plus douce du repas qui laisse une impression durable. Réfléchissons aux futures implications de ce cadre de protection et à la manière dont il est mis en place en pratique. Il s’agit un moment charnière dans la saga continue de la protection des données personnelles, qui laisse entrevoir un monde numérique plus interconnecté et plus harmonieux.
L’adoption de la décision d’adéquation de la Commission européenne pour le cadre de protection des données UE-États-Unis ne constitue pas la conclusion du repas, mais peut-être le début d’une nouvelle ère culinaire. Elle prépare le terrain pour de futures collaborations et innovations en matière de protection des données personnelles, en garantissant que l’écosystème numérique reste dynamique, diversifié et, surtout, sûr pour toutes les parties impliquées.
C'est la mise en œuvre en pratique de ce cadre de protection qui permettra de véritablement tester son efficacité. Les entreprises doivent s’adapter pour le respecter. Par la suite, leurs clients pourront désormais avoir la certitude que leurs droits en matière de protection de la vie privée sont réellement respectés.
Un toast à l’avenir
En regardant vers l’avenir, il semble clair que même si le cadre de protection des données personnelles UE-États-Unis marque une étape importante, le chemin vers un monde numérique respectueux de la protection de la vie privée n'est pas arrivé à sa fin. Le monde de la protection des données continue d’évoluer sans cesse, avec de nouveaux ingrédients, de nouvelles recettes et de nouveaux défis à l’horizon.
Pour plus d’informations sur le DPF UE-États-Unis, téléchargez notre kit de ressources.